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Spliiit

“N’en déplaise à certains, ce qu’on fait est légal et totalement conforme”

Entretien // Guillaume Lochard, cofondateur de Spliiit, la plateforme française de co-abonnement. Face à Netflix, Disney+ et Apple, la start-up se prépare à une année 2023 ambitieuse… et décisive.

Alors que le prix des abonnements comme Netflix (+1,5 € en moyenne), Disney+ (+2 € courant 2023) ou Canal+ (+2 € en moyenne) n’arrêtent pas de grimper, le site Spliiit propose un système de co-abonnement qui permet à ses utilisateurs de mettre leurs factures en commun et de réduire les coûts.

Comme les autres sites tels que Diivii, Sharesub ou Sharit, Spliiit donne la possibilité (contre une commission de 5 % + 35 centimes) aux propriétaires de comptes d’autoriser que de parfaits inconnus, et contre rémunération, aient accès aux places vacantes de leurs abonnements Netflix ou Canal+, à l’image de ce qui se passe pour le covoiturage.

Au-delà des services SVOD, Spliiit permet également de partager son compte Spotify, NordVPN, L’Équipe ou même Dropbox. Au total, ce sont plus de 180 services proposés, du logiciel à la musique, en passant par les applications de bien-être ou d’éducation. Mais derrière ses 660 000 utilisateurs inscrits et son bilan plutôt positif, la plateforme se retrouve à la croisée des chemins, face à des groupes américains peu enclins à laisser des Français jouer avec les zones grises de leurs CGU.

Guillaume Lochard, cofondateur de Spliiit, a répondu à nos questions et clarifié les horizons d’une année 2023 qui s’annonce décisive. Entretien.

L’année dernière, Apple, Netflix et Disney vous ont assigné devant le Tribunal de Grande Instance pour “concurrence déloyale et parasitisme”. Le TGI s’est finalement rangé de votre côté. Avez-vous un commentaire à ce sujet ? Êtes-vous toujours en discussion avec ces groupes américains ?
Je ne vais pas commenter en particulier ce cas-là, parce qu’il y a une autre procédure en cours. (…) Je pense qu’il y a eu initialement beaucoup de confusion de leur part sur le fait qu’on faisait de la revente d’abonnement. Nous, on ne revend pas d’abonnement. (…) On est un tiers de confiance qui facilite le paiement récurrent entre particuliers. Donc on s’est expliqués, et c’est pour ça que le premier jugement a été rendu en ce sens.

Netflix complique de plus en plus le partage de compte et va notamment le rendre payant courant 2023. En quoi cela peut-il gêner les utilisateurs de Spliiit ? Quelles solutions envisagez-vous ?
On n’est pas contre les éditeurs, on travaille pour la plupart avec eux. Et s’il y a un surcoût, on saura l’intégrer quelque part dans les tarifs. On s’adaptera en fonction de ce qui sera mis en place. Le mouvement unilatéral qu’on voit, c’est que, de plus en plus, les restrictions sont en train de sauter. Plein de services aux États-Unis font complètement disparaître les restrictions de foyer et de famille, parce qu’ils ont compris qu’il ne faut pas lutter contre une pratique massive comme le co-abonnement. (…) Nous, ce qu’on propose, c’est une solution pour monétiser ce partage plutôt que de lutter contre. Le risque est que, si la hausse est trop élevée, certaines personnes se désabonnent carrément.

Aujourd’hui, si tu demandes au service client, il te dit que tu peux partager avec qui tu veux.
Guillaume Lochard, cofondateur de Spliiit

Netflix stipule dans ses CGU que le service ne doit pas être partagé avec des personnes extérieures au foyer. Sur votre site, vous indiquez aux utilisateurs qu’ils doivent prendre connaissance des CGU de Netflix et s’engager à les respecter. Ça ressemble à une contradiction, comment expliquez-vous cela ?
La notion de famille utilisée dans la plupart des CGU des éditeurs n’est pas applicable en tant que telle, car ce n’est pas la famille au sens administratif du terme. Après, sur la notion de foyer, il y a encore un cas particulier, et c’est peut-être là qu’il y a un vide juridique en Europe qui nous protège.

2023 n’est donc pas une source d’inquiétude pour Spliiit ?
On est toujours ouverts et vigilants. On est prêts à discuter avec n’importe quel éditeur, prêts à transformer leur vision de notre activité si elle est négative. On a mis en place tout un tas de restrictions pour justement montrer patte blanche auprès des éditeurs. On s’adapte pour respecter leurs services et qu’ils gagnent de l’argent sur le système.

Vous aviez l’ambition de lancer Spliiit Pro, une variante de votre système dédié aux start-up et au B2B, et même du partage de services bancaires. Est-ce toujours d’actualité ?
La plateforme Spliiit Pro n’a pas encore été créée parce que la volumétrie d’offres n’est pas suffisamment importante à ce jour. Mais c’est un service qui, d’une certaine manière, existe déjà grâce aux catégories Logiciel ou Sécurité. Il y a aussi des solutions professionnelles et free-lance. À terme, on a la volonté d’avoir cette plateforme pro distincte, mais on étoffe notre offre. Le marché du free-lance explose, et il y a tout intérêt à offrir ce type d’abonnement multi-utilisateurs.

Le but de 2023 est de consolider le marché en France et en Europe. Et d’aller dans encore plus de pays européens. Il y a de la demande un peu partout : on pense à la Pologne, la Suisse, la Suède… et la Grande-Bretagne aussi où il y a beaucoup de Français.
Guillaume Lochard, co-fondateur de Spliiit

Quels sont les horizons de Spliiit en 2023 ?
Cette année, le plus important va être de lancer une app, car on n’est pour l’instant qu’une plateforme Web. On va aussi développer des services bancaires, avec la banque française OnlyOne. Du coup, tu paies ta carte et ton compte tous les mois classiquement, et, en faisant ça, on t’autorise à inviter quelqu’un qui peut se créer lui aussi son propre compte et avoir sa carte. Indépendamment, bien sûr, on ne va pas partager les comptes bancaires ! On espère que cette catégorie Banque va s’étoffer durant l’année. Notre but, en 2023, est de consolider le marché en France et en Europe. Et d’aller dans encore plus de pays européens. Il y a de la demande un peu partout : on pense à la Pologne, la Suisse, la Suède… et la Grande-Bretagne aussi où il y a beaucoup de Français. (…) On souhaite devenir incontournable et faciliter le pouvoir d’achat des gens.