Qualité de l’air intérieur
Quels sont les polluants de nos foyers, comment les détecter et assainir
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la qualité de l’air de nos logements n’est pas forcément meilleure que celle de l’extérieur, et pas seulement en ville. Quels sont les polluants parfois méconnus et comment les détecter et s’en débarrasser pour un air plus sain ?
Quand on parle de qualité de l’air, on a souvent tendance à penser à la pollution générée par les voitures en ville, les sites industriels et autres activités humaines polluantes. Une fois rentré au sein du foyer, le sentiment de maîtrise de notre environnement direct peut nous faire oublier que la question de qualité de l’air se pose aussi à l’intérieur.
L’épidémie de Covid en 2020 a toutefois donné un peu de visibilité à cette question en rappelant l’importance de la ventilation des espaces intérieurs. Mais les virus ne sont pas les seuls ennemis invisibles qui peuvent impacter notre santé. Des gaz, particules et molécules que l’on respire au quotidien peuvent aussi avoir des effets néfastes à court ou long terme.
La multiplication des analyseurs et purificateurs d’air connectés nous a incités à nous intéresser à cette question pour comprendre réellement à quoi nous avons à faire et aux impacts possibles sur la santé. Nous verrons aussi quelles sont les solutions recommandées pour assainir l’air et quels types d’appareils peuvent nous aider dans cette tâche.
Types de mesures, impact santé et taux recommandés
Le dioxyde de carbone ou CO2
On entend souvent parler du CO2 quand on évoque l’effet de serre provoqué par ce gaz libéré en grande partie par les activités humaines (industries, production d’électricité à partir d’énergies fossiles, transports, etc.). Le réchauffement climatique en est la conséquence.
Mais à l’intérieur, c’est principalement la respiration des êtres humains qui va augmenter le niveau de CO2, notamment dans les petits espaces en présence de nombreuses personnes. Les sources de combustion peuvent aussi faire augmenter le niveau (trafic routier, cheminées, chauffage au gaz, etc.).
Impact sur la santé : une concentration de CO2 trop élevée peut rendre la respiration plus difficile, augmenter le rythme cardiaque, provoquer des maux de tête et un effet de somnolence ; avec un impact sur la productivité.
Taux attendu : à l’extérieur, le CO2 a une concentration de 250 à 400 ppm, et à l’intérieur un taux de concentration normal se situe entre 400 et 1000 ppm. Au-delà, et jusqu’à 2000 ppm, les personnes peuvent ressentir de la somnolence. Si le taux augmente encore, suivent de possibles pertes de concentration, nausées, maux de tête et une augmentation du rythme cardiaque.
Les particules en suspension ou PM 2,5
Les PM 2,5 désignent des particules fines en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns. Certaines activités vont libérer ce type de particules à l’intérieur (la cuisine, la combustion de bougies ou de bois, la cigarette…). Moisissures et poussières peuvent aussi être en cause. À l’extérieur, les engins à moteurs augmentent leur présence.
Impact sur la santé : Inflammation ou irritation des yeux et voies aériennes, oreilles, nez et gorge. La présence de particules en suspension favorise les crises d’asthme et d’allergie. Plus grave, de par leur capacité à atteindre les poumons, voire à impacter la circulation sanguine, elles augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers du poumon.
Taux attendu : la norme journalière varie en fonction de la provenance des recommandations, de 5 μg/m3 en valeur moyenne annuelle à 25 μg/m3 selon que la recommandation émane de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), de la France ou de l’Europe. Le taux le plus bas étant le plus sain.
Les composés organiques volatiles ou COV
Il s’agit des produits chimiques en suspension dans l’air qui peuvent provenir d’un grand nombre d’objets ou être émis par certaines pratiques dans un foyer. Comme pour les particules et le CO2, ce qui brûle favorise leur présence (bougies, cheminées, etc.), mais c’est aussi le cas de tout ce qui dégage une odeur, comme les parfums d’ambiance, désodorisants ou produits ménagers. Objets neufs, revêtements de sol ou muraux et peintures peuvent aussi en dégager — leur niveau d’émission étant réglementé.
Impact sur la santé : ils sont proches et au moins aussi gênants que les particules fines. À court terme, il s’agit d’irritation, de gêne respiratoire et de maux de tête. Avec le temps, des maladies cardiovasculaires et respiratoires peuvent se développer, le système nerveux ou d’autres organes internes être endommagés.
Taux attendu : il peut être mesuré en ppb. En dessous de 300 ppb, il est considéré comme bon ; il reste correct en dessous de la valeur de 1000 ppb. En doublant cette valeur et au-delà, le taux n’est plus considéré comme normal et appelle des mesures, comme la ventilation et l’identification de la source de diffusion.
Le monoxyde de carbone ou CO
Il n’a pas d’odeur et ne se voit, mais il s’agit pourtant d’un gaz hautement toxique. Le monoxyde de carbone apparait en cas de combustion incomplète des éléments, qu’il s’agisse de bois, de gaz ou d’une forme de pétrole, etc. Il peut se diffuser en cas de défaut d’entretien d’une chaudière, d’une mauvaise utilisation d’un appareil ou d’une évacuation insuffisante des produits de combustion.
Impact sur la santé: l’intoxication commence par des maux de tête, une fatigue importante ou des nausées, et peut conduire rapidement à la mort.
Taux attendu : inférieur à 50 ppm
Le radon
Le radon est un gaz radioactif émis par la dégradation de l’uranium et du radium naturellement présents dans le sous-sol. Il est donc présent à peu près partout, mais à des valeurs qui varient fortement en fonction de la nature des sols.
Impact sur la santé : à l’extérieur, sa présence n’est pas un problème, mais son accumulation dans des lieux clos peut le devenir. Inhalé, il attaque les cellules des poumons et dégrade l’ADN, augmentant ainsi le risque de cancer du poumon, même chez les non-fumeurs. Les enfants sont plus vulnérables en raison de leurs organes de petite taille et en cours de développement.
Taux attendu : il se mesure en becquerels par mètre cube (Bq/m³) et l’OMS recommande un niveau de référence de 100 Bq/m³, sans dépasser les 300 Bq/m³. Plus le taux est bas, mieux c’est.
Le taux d’humidité
La quantité d’eau ou de vapeur d’eau dans l’air dépend évidemment en partie de la météo et de la saison et se répercute aussi dans le foyer. Mais des éléments peuvent faire monter ou baisser ce taux d’humidité à la maison (cuisine, douche, chauffage…).
Impact sur la santé : un air trop humide va favoriser le développement des moisissures et champignons, et les allergies qui vont avec. Cela favorise également les maladies respiratoires. À l’inverse, un air trop sec va assécher excessivement la peau et favoriser l’eczéma, irriter les muqueuses et provoquer un inconfort global.
Comment détecter et mesurer la présence de ces polluants ?
Avant d’agir pour faire baisser la présence de ces éléments, encore faut-il savoir s’ils sont présents dans l’air de nos foyers. Au vu des risques, la méthode qui consiste à attendre de voir apparaitre certains symptômes est à rayer de la liste.
Nous nous sommes plutôt intéressés aux appareils qui analysent l’air et nous avons pu essayer un modèle pour illustrer nos propos. Nous avons ainsi sélectionné l’Airthings View Plus, un des analyseurs d’air connectés qui propose la plus grande palette de détection (radon, particules fines, CO2, humidité et composés organiques volatils). Il propose aussi un suivi de la pression atmosphérique et de la température de la pièce.