Projet Kuiper : comment Amazon compte rivaliser avec l’Internet par satellite de Starlink
Amazon, à travers sa filliale Kuiper Systems, s’apprête à placer sur orbite ses deux premiers satellites. Le géant de l’e-commerce pourra proposer Internet par satellite à ses clients dès la fin 2024.
Starlink va bientôt devoir partager l’espace avec une autre flotte de satellites. Annoncé en 2019, le Project Kuiper s’apprête à passer de la théorie à la pratique en envoyant deux premiers satellites à 600 km d’altitude. Capables d’assurer une connexion à Internet, ils seront rejoints par plus de 3200 de leurs congénères dans les prochaines années. L’objectif est de fournir une connexion à Internet par satellite sur une partie non négligeable du globe, et forcément de concurrencer l’offre Starlink d’Elon Musk.
Qu’est-ce que le Project Kuiper ?
Kuiper est un projet d’infrastructure pour l’Internet par satellite qui repose sur une constellation de satellites placés en orbite terrestre basse. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, espère ainsi fournir une prestation à haut débit et faible taux de latence aux utilisateurs (particuliers ou entreprises), mal desservis par les réseaux terrestres. Ces satellites permettront de couvrir les besoins entre les latitudes 56°N et 56°S, soit l’ensemble du territoire étasunien (hors Alaska), ainsi que les autres régions du monde situées entre ces latitudes.
Le réseau pourra être également utilisé par les opérateurs de téléphone mobile. Pour mener à bien ce projet, Amazon a créé la filiale Kuiper Systems, dirigée par Rajeev Badyal, un ancien responsable du projet Starlink de SpaceX. À noter que le projet n’est pas directement affilié à Blue Origins, la société astronautique lancée par Jeff Bezos.
Amazon dispose d’une équipe de plus de 1000 ingénieurs, programmeurs et personnel d’assistance qui contribuent à concrétiser ce projet.
Quel matériel sera proposé ?
Côté ciel (et entreprise), la constellation comprendra très précisément 3236 satellites déployés sur 98 plans orbitaux situés à des altitudes de 590, 610 et 630 km. L’infrastructure au sol d’Amazon comprendra des antennes de passerelle chargées d’envoyer et recevoir les données client vers et depuis les satellites. Amazon évoque aussi des antennes de télémétrie, de suivi et de contrôle (TT&C) des satellites.
Côté Terre (et client), Amazon a récemment présenté les trois antennes qui seront proposées à ses utilisateurs lors du lancement. La première s’adresse aux particuliers avec un format compact (17 cm) et un poids facilitant son transport (450 g). Elle est censée délivrer des débits allant jusqu’à 100 Mb/s. Une variante de 30 cm sera préconisée pour une installation fixe (sur un toit, par exemple), permettant d’atteindre un débit de 400 Mb/s. Enfin, le modèle le plus grand (48 x 76 cm) s’adresse particulièrement aux entreprises et installations gouvernementales avec un débit maximal de 1 Gb/s.
Où en est le projet ?
Pour l’heure, deux satellites s’apprêtent à être embarqués sur le lanceur lourd Vulcan-Centaur de United Launch Alliance, dont le vol inaugural devrait avoir lieu courant juillet 2023. Ces deux démonstrateurs seront accompagnés par la sonde lunaire Peregrine de la société américaine Astrobotic.
Aux dernières nouvelles, Amazon avait annoncé 83 accords de lancements avec trois sociétés spatiales commerciales : Arianespace, Blue Origin et United Launch Alliance (ULA). Les trois accords regroupent 38 lancements sur la fusée Vulcan Centaur d’ULA, 18 lancements sur Ariane 6 d’Arianespace et 12 lancements sur New Glenn de Blue Origin, avec des options pour 15 lancements supplémentaires.
“Nous prévoyons de fournir un service aux premiers clients de Project Kuiper d’ici la fin 2024”, a expliqué Amazon. Une offre commerciale sera également disponible en France.